Dans mes nuits brusselaires
Dans mes nuits brusselaires,
Il y a des nids de hasards aux rencontres opportunes…
Dans mes nuits brusselaires,
Il y a des odeurs d’huile, de levure et d’urine
Il y a un playboy échevelé, qu’est drôle quand il parle, triste quand il chante, qu’on a l’impression que Prévert dine avec Fréhel et Guitry
Il y a une fille en instance de mariage qui fait ses adieux au music-hall avant le grand voyage avec sa très sexy copine sans gluten et une libraire qu’a tout oublié sauf d’être moche
Dans mes nuits brusselaires,
Il y a Monique qu’a pas toujours eu la lumière mais qui s’amuse bien en famille
Il y a un écrivain d’enfant qui ne croit plus à l’amour bien qu’il pleure encore sur Adamo
Il y a des couples qui se font et se défont pendant que des bagarres éclatent sur les fausses notes d’un karaoké tchétchène
Il y a souvent des nuits d’infortunes pour ceux qui n’ont que la richesse du coeur
Dans mes nuits brusselaires,
Il y a une serbe qui te talk about Friedrich, Egon et Jon-Jack avec un accent flamand à marteau-piquer tes oreilles sauf quand elle rit
Il y a des marins qui t’invitent dans leur cuirassé sans port
Il y a une farouche espagnole qui passe commande a travers les tables boboïsées d’un beau rade décati…
Dans mes nuits brusselaires,
Il y a une comédienne belle à bouffer des étoiles qui bablute quand elle a bu mais qu’a tout le tralala
Il y a Henri et ses 72 printemps qui met des caramels in ze baket à Gigi une belle licorne bien qu’ardéchoise dans son bar délavé
Il y a un gône qu’a une voix de fêlure comme un laissé-passé pour le plexus
Dans mes nuits brusselaires,
Il y a de l’œstradiol qui embaume les prédateurs hagards
Il y a une yogi délurée qui se fait presque traiter de sale pute par une pas vraiment mais quand même groupie jolie qu’on dirait Jean Seberg
Il y a un père noël dans chaque tram de la vie
Dans mes nuits brusselaires,
Il y a un poète sud-norvégien ou nord-iranien qu’a retrouvé la boule et que c’est beau quand il dit
Il y a des marocains qui pissent des litres de bières en pleurant un pays qu’ils ne connaissent pas
Il y a un bel allemand qui mange son manteau et ses doutes qu’a les yeux qui brillent d’Hoverboards
Dans mes nuits brusselaires,
Il y a même des français sympa
Dans mes nuits brusselaires,
Il y a vous, mes oubliés, beaux comme des soleils tombés sur un parvis mouillés
Dans mes nuits brusselaires,
il y a aussi un grand photographe, le coeur sur la main, les mains serrées dans les poches de sa veste en jean, qu’a encore dit que ce soir il ne boirait pas et qui t’engueule parce que t’as osé, au petit matin, émettre l’idée de rentrer
Et il y a moi qui lève mon dernier verre
Avant de remettre une tournée.